Un casse-tête, des masques, encore des masques et des sourires. Toujours des masques, l'un sur l'autres, superposés. Du haut de ses treize ans, c'est un art qu'Azrael maîtrise déjà presque à la perfection, peints et ajustés avec la plus grande précision. Comment pourrait-il en être autrement, lorsque l'on sait d'où il vient ? Un sourire sur son visage d'ange, et tout le monde se laisser berner. Au premier abord, il peut tantôt paraître froid et distant, inatteignable, tantôt souriant et ouvert, prêt à vous accueillir à bras ouvert, selon qui vous êtes. Oui, parce que, comme Oscar Wilde le disait déjà des années plus tôt :  «Un homme ne peut être trop soigneux dans le choix de ses ennemis.  », Mr Fever fait attention à ses fréquentations. Il observe, il écoute, capable de vous sourire poliment alors qu'il vous méprise au plus haut point. A cause de son jeune âge, rares sont les personnes qui se méfient, et pourtant, il sait déjà que plus on en sait sur ses adversaires et sur les gens qui vous entourent, plus facile devient tout le reste. Et le bon dieu se donnerait sans confession à ses grands yeux vairons, à ses prunelles si fascinantes et différentes, à son sourire innocent mais charmeur. Mal lui en prendrait, cependant : Azrael est intelligent. Diablement intelligent, même, si bien qu'on pourrait le qualifier de surdoué, de petit génie un peu trop rusé. Rusé et manipulateur, même, du genre à vous embobiner royalement sans ressentir le moindre remord par la suite. C'est dans ses gènes, c'est dans son sang. Il a été plongé dans ces mondes de faux semblant depuis son enfance, y a été entraîné, même. Comme les masques, comme cet étrange charisme, cette étrange aura, qui semble émaner de lui. Une prestance, une allure aristocratique qui attire l'oeil, comme un petit prince qui déjà impose le respect, sait se faire écouter, et qui reste cependant bien mystérieuse. C'est ce qu'il est, un petit prince, en un sens, mais rares sont ceux qui le savent, à Poudlard, et tous n'écoutent ou ne sentent pas ce qui émane de lui. Pourtant, c'est dans les ombres qu'Azrael préfère agir, et il sait s'y glisser, s'y cacher, s'y camoufler. S'y fondre. Ils ne sont que des pièces, entre ses mains déjà expertes. Des pantins, dont il active les fils. C'est si facile. Il a beau n'avoir encore que treize ans, il n'a plus rien d'un enfant. Ils sont simplement trop aveugles pour voir l'évidence, là, cachée au fond de ses prunelles. Les restes d'une douleur qui ne disparaîtra certainement jamais vraiment, cette détermination à toute épreuve qui crie, qui hurle, que peu importe les obstacles, il fera tout, il est prêt à tout pour arriver à son but, quitte à écraser, piétiner, ceux qui se dresseront sur son chemin. Et il a la colère. Cette rage sourde, dévorante, cette fureur en fusion, sauvage, incontrôlable, qui ne demande qu'à être libérée. Bombe à retardement.

La pièce est sombre, à peine éclairée. Pourtant, tu discerne une silhouette fine. Il est là, assis dans un fauteuil de cuir noir, les jambes nonchalamment croisées, les bras posés sur les larges accoudoirs, ses mains sur ses cuisses couvertes d'un sobre pantalon noir que tu devine parfaitement bien taillé. Du sur-mesure, presque. Une chemise blanche au tissu fin, visiblement coûteux, couvre son torse, laissant deviner de fins muscles commençant à se former. L'éclat de sa chevalière en argent massif, ornementée de quelques éclats de pierres et d'un blason compliqué attire ton œil un instant, mais ton attention est bien vite captée par le visage du garçon. Des traits fins et bien dessinés, sa mâchoire qui commence à devenir légèrement carrée, son nez droit, ses pommettes hautes, la forme de ses sourcils, ses lèvres fines, légèrement rosées. Tout laisse transparaître cet air presque aristocratique et fier. Sa peau claire, presque semblable à de la porcelaine, contraste vivement avec ses cheveux noirs jais. Ses paupières papillonnent un instant, avant qu'il n'ouvre vraiment les yeux, dévoilant des prunelles vaironnes. L'une des deux orbes d'un bleu presque saphyr, dans le clair obscur qui règne dans la pièce, tandis que sa sœur semble se rapprocher de la teinte d'une émeraude. Tu papillonne des yeux, troublée, un instant, alors que ses yeux si fascinants se plantent dans les tiens, semblent te sonder. Il te souris, et c'est comme si la commissure de tes lèvres est animée d'une volonté propre alors que tu réponds à son sourire. A ce moment là, dans l'atmosphère mystérieuse, onirique, tu pense à un ange, avant de te souvenir que non, que les anges n'existent pas. Il détourne le regard, passe une main dans ses cheveux sombre. Tu ne le sais pas, mais tu fais bien de ne pas te laisser prendre par l'illusion, beaucoup y ont cru, n'ont pas vu son côté plus sombre que tu ne fais que deviner. Il se lève, s'étire un instant, presque félinement. Sa taille doit avoisiner le mètre soixante, même s'il n'a évidemment pas fini sa croissance. Il s'avance vers toi. Sa démarche est souple, mesurée, contrairement à celle un peu dégingandée et maladroite des enfants de son âge. Tu te corrige mentalement, il n'a plus grand chose d'un enfant, déjà. Encore moins que tu ne le crois, d'ailleurs, mais tu ne fais que sentir comme le murmure d'une brise, qu'il ne faut pas se fier aux apparence. Il est plus redoutable qu'il en à l'air. Plongée dans tes pensées, tu n'as pas vu qu'il s'était autant approché, pourtant, tu peux presque sentir son souffle contre ta peau. Un étrange frisson remonte le long de ton dos. De surprise ? Pas vraiment, c'est un sentiment indescriptible, trop dilué, trop mélangé, pour pouvoir déterminer de quoi il s'agit, pour pouvoir comprendre d'où il vient. Tu rencontre son regard, encore une fois. D'aussi près, tu ne sais pas quel œil regarder. Ca te trouble Te mets mal à l'aise. Tu sens que quelque chose est étrange, chez lui, mais pourtant, tu serais incapable de dire pourquoi. Un nouveau sourire sourit sur ses lèvres, et déjà, cette impression de malaise à disparut. Tu as déjà oublié, obnubilée par ce sourire, par ses prunelles. Tu fermes les yeux, un instant, rien qu'une seconde. Tu les rouvres, tu es seule. Déjà, il est parti, retournant dans les ombres. La lumière dans la pièce à disparu, plus de clair obscur, plus rien. Rien. Sauf l'Obscurité.