es couloirs de l’école de magie étaient déserts, seule la brune s’y baladait, pieds nus et portant sa robe de sorcier qui trainait légèrement sur le sol. Elle avançait silencieusement, ses pas étaient lourds et elle était impuissante face à la lenteur de sa démarche. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pouvait bien faire là, mais ses jambes continuaient leur mouvement, comme possédées par une force invisible. Elle n’avait pas peur de se faire attraper en dehors de son dortoir en pleine nuit, elle était sereine, comme sous l’emprise d’une drogue apaisante. Elle n’avait aucune influence sur ce qui se déroulait autour d’elle, elle était juste là attendant un événement qui devait se produire. Aucune pensée n’encombrait son esprit, sa seule préoccupation était de continuer d’avancer, toujours au même rythme. Un bruit se fit soudain entendre… une respiration saccadée – ou plutôt deux. Duncan et Brittany apparurent devant elle, s’embrassant passionnément. Leurs mains se baladaient sur le corps de l’autre, le bruit de leurs langues qui claquaient lui emplit les oreilles. Elle était incapable de bouger, elle pouvait seulement observer la scène qui se déroulait devant ses yeux. Un nombre incalculable de sentiments la traversèrent avec une telle intensité qu’elle ne réussit pas à les identifier. Mais ils n’étaient pas très agréables. Duncan et Brittany. Brittany et Duncan. Ils s’embrassèrent jusqu’à ce qu’ils se rendent compte de sa présence. Une voix cristalline, tel un serpent qui siffle, sortit de la bouche de la verte et argent, dont les bras enlaçaient toujours le cou du jeune homme. « Tout ça c’est grâce à toi Charlie, c’est grâce à toi. »
« Tout ça c’est grâce à toi Charlie. » Cette phrase persista dans l’esprit de la Wellington alors qu’elle s’éveillait en sursaut. Elle posa une main sur sa poitrine pour sentir son cœur battre la chamade au rythme de sa respiration haletante. Sa poitrine se gonflait puis se relâchait de façon irrégulière et rapide. En regardant autour d’elle, elle remarqua que ses camarades de dortoir l’observaient. Elles devaient se demander ce qui pouvait bien mettre cette princesse de glace dans un état pareil. Charlie passa une main frustré dans ses cheveux emmêlés avant de reprendre sa contenance et de se lever comme si de rien n’était. Personne n’eut la mauvaise idée de la questionner sur son réveil brutal. Elle les aurait sans aucun doute menacés s’ils osaient en reparler un jour. Peut-être usait-elle à tort et à travers de son statut dans la cour de Charlotte Berrywell mais le pouvoir est inutile si on n’en abuse pas. Elle se savait protégée par le réseau de Queen C. et que quiconque s’en prendrait à elle risquait de graves punitions. Enfin, elle était protégée tant qu’elle ne faisait pas d’erreurs et elle n’était pas idiote car son grade lui procurait trop de plaisir pour remettre en question le règne de Charlotte. Pourtant une erreur planait au-dessus d’elle et elle craignait de s’y laisser aller. Cette erreur n’était autre que l’amour, oui ce sentiment dont tout le monde est à la recherche, car l’amour peut choisir n’importe qui… et surtout celui qu’il ne faut pas. En quatrième année il avait choisi Duncan et il avait fallu à la Serdaigle tout le courage du monde pour le laisser tomber et faire en sorte qu’il la déteste et ne revienne plus jamais vers elle. Aujourd’hui, l’amour faisait encore des siennes en lui insufflant des « et si ? » dont elle préférerait se passer. Et si tu l’aimais toujours ? Et s’il était l’homme qui règne sur ton cœur ? Et si tu avais fait une erreur à cette époque ? Et si ta haine envers June était en réalité de la jalousie ? Alors, elle avait embrassé Duncan pour s’assurer que son esprit lui jouait des tours. Elle ne tombait pas amoureuse elle, jamais. Mais tout le contraire se produisit. Tous les sentiments qu’elle avait porté à son égard lui revinrent en mémoire. Au moment où ses lèvres avaient retrouvé celles du Gryffondor elle s’était sentie tellement bien, comme si… comme si la vie était simple et qu’elle le serait toujours. Bref, le baiser, mauvaise idée. Pourquoi tous ces efforts acharnés pour ne pas aimer ? Facile. Duncan était né-moldu et ni ses parents, ni la cour de la reine n’accepteraient cette relation. C’était une honte tout de même de salir sa réputation et d’entacher la pureté de son sang pour un sang de bourbe. Alors elle avait trouvé une solution. Pousser son amie Brittany dans les bras du jeune homme comme l’Infante avait opéré le rapprochement de Rodrigue et Chimène dans le Cid. « Quand je vis que mon cœur ne se pouvait défendre, Moi-même je donnai ce que je n'osais prendre. Je mis, au lieu de moi, Chimène en ses liens, Et j'allumai leurs feux pour éteindre les miens », confiait-t-elle à sa gouvernante. Charlie avait mis toutes les chances de son côté pour que la verte et argent trouve en Duncan le petit ami parfait. De plus, contrairement aux autres, c’était quelqu’un de bien qui n’allait pas lui briser le cœur. Donc c’était pour le bonheur de tous, pas vrai ?
Cela expliquait évidemment le pourquoi du comment de son rêve et en se réveillant, elle avait compris tous les sentiments qui l’avaient traversé : la jalousie, la colère, l’envie, la haine, la possessivité, le doute, la frustration et la tristesse. Mais aussi l’acceptation. Il appartenait à quelqu’un maintenant et quelqu’un qu’elle appréciait et à qui elle ne pourrait pas l’enlever comme elle l’avait fait pour June. Elle se demandait si c’était ce qu’elle voulait. Le perdre pour quelqu’un d’autre. Le problème était peut-être là, peut-être n'arrivait-elle pas à laisser Duncan partir parce qu'il était son premier amour ? Elle le considérait comme sa propriété et les sentiments qu'elle ressentait n'étaient que des souvenirs de ses émotions passées ? Son esprit lui chuchotait que la meilleure chose à faire était de le laisser partir car elle n’avait aucun avenir avec lui. Sauf si elle reniait tout ce qu’elle possédait : sa famille, son sang et surtout son statut et elle s’en savait incapable. Alors elle devait s’y faire. Duncan et Brittany. Brittany et Duncan. « Tout ça c’est grâce à toi Charlie. » Peut-être ce rêve la préparait-il à la réalité ? Le couple qui allait se former sous ses yeux et grâce à elle. Génial, vraiment génial. Au moins elle ne le blesserait plus, c’était déjà ça. Charlie quitta son dortoir après s’être préparée pour récupérer Amanda et la réquisitionner pour discuter. Elle avait besoin de parler et qui de mieux que la meilleure des meilleures amies ? La Gryffondor était vraiment la femme de sa vie, la seule qui voyait au-delà de son masque et qui la faisait se sentir tellement normale, tellement humaine aussi. Elles se connaissaient depuis leur plus jeune âge et malgré leurs caractères opposés elles avaient lié un lien aujourd’hui indestructible. Leur relation était sûrement la chose la plus stable dans la vie de Charlie. Tout était évident lorsqu’elles étaient toutes les deux. Elles s’écoutaient, se conseillaient, soutenaient toutes les décisions de l’autre et ne se feraient jamais de mal. Quelquefois Charlie n’était pas d’accord avec son amie et ne le lui reprochait jamais. Mais que lui était-il passé par la tête pour revenir avec James ? Il lui avait brisé le cœur et elle avait dû recoller tous les morceaux avec l’aide de la Serdaigle évidemment. La brune cultive toujours des sentiments haineux envers le Potter mais tente de se montrer calme pour Amanda. Mais si le Rouge et Or refait l’erreur de blesser sa meilleure amie, elle le lui fera payer très cher. En tous cas une fois arrivée devant la tour de Gryffondor, Charlie y trouva Amanda. L’attendait-elle ? « Besoin de parler ? » Charlie lui sourit et la prit dans ses bras comme si elles ne s’étaient pas vues hier. « Moi j’ai besoin de parler en tous cas. On va squatter la Tour d’astronomie ? » Elles se dirigèrent ensemble dans la tour et s’y installèrent. Charlie avait besoin de lâcher ce qu’elle avait sur le cœur rapidement donc elle se lança en premier. « Tu te rappelles quand j’ai embrassé Duncan au bal ? » Elle marqua une pause et se décida à tourner un peu autour du pot parce qu’elle ne savait pas comment mettre en mots le vrai problème. « Tu sais cette fête où il était allée avec sa copine du moment. Jude je crois. » Évidemment faire semblant de ne pas avoir enquêté sur elle en se trompant de prénom. « Non June, June c’est ça. Et après elle l’a claqué et c’était très drôle. » On y arrivait ? « Je… je… » Non, pas tout de suite. Que pouvait-elle raconter à la place d’étaler ses sentiments et ses doutes ? « Ce matin j’ai rêvé de Duncan et Brittany ensemble. Tu crois que c’est un signe ? Ils seraient très mignons ensemble tu crois pas ? Mieux qu’avec June. Mais… mais tu crois qu’il serait possible qu’il ne soit pas fait ni pour l’une ni pour l’autre ? » C’était assez évident, non ? En tous cas elle ne pouvait pas faire mieux. Elle savait qu’Amanda comprendrait. Depuis le temps que Charlie parle en code.
ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude + chamanda